Depuis plus d’un an, l’OOAQ s’implique activement auprès des parlementaires afin de contribuer au débat entourant le projet de loi 96 visant à modifier la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français.

Tout d’abord, l’Ordre a fait part de ses commentaires en septembre 2021 et a multiplié les rencontres et les échanges avec le cabinet du ministre et l’opposition officielle. Rappelons que ce projet de loi propose de nouveaux droits linguistiques fondamentaux et précise l’encadrement applicable aux ordres professionnels et à leurs membres concernant l’utilisation du français, notamment en obligeant ces dernières et derniers à maintenir une connaissance du français appropriée à l’exercice de la profession et à desservir en français toute personne qui le demande.

L’OOAQ était très inquiet du fait que plusieurs orthophonistes ou audiologistes n’ayant pas le français comme langue maternelle risquaient de se retrouver en porte à faux entre le devoir de respecter la loi et leur obligation déontologique de ne pas offrir des services qui vont au-delà de leur compétence. De plus, nous avons fait valoir que si le projet de loi était adopté dans sa forme initiale, cela pourrait freiner les orthophonistes et audiologistes de bagages linguistiques différents à venir pratiquer au Québec, entrainant des bris de services pour des clientèles allophones qui en ont bien besoin.

Dans un esprit de collaboration, l’OOAQ a proposé un amendement à l’article 35.1 pour que l’obligation de servir en français ne s’applique pas dans l’exercice de ses activités professionnelles, « dans les cas où la langue constitue l’objet thérapeutique de sa prestation de services ».

« Il n’y a pas de petites victoires, seulement les grands efforts qui sous-tendent nos convictions. Continuons en ce sens ensemble. »

Or, lors de l’étude détaillée en commission parlementaire, un amendement déposé par le ministre et largement inspiré par la proposition de l’Ordre, a non seulement été adopté, mais les professions d’orthophonistes et d’audiologistes ont été nommées à titre d’exemple pour illustrer l’importance de cet amendement qui, tel que libellé, vient confirmer cette exception : « […] lorsque ses activités professionnelles reposent, par nature, sur l’utilisation d’une autre langue que le français […] ». [1]

Nous suivons attentivement les développements de ce projet de loi puisque plusieurs autres éléments nous préoccupaient. Cette issue positive me permet d’affirmer qu’il n’y a pas de petites victoires, seulement les grands efforts qui sous-tendent nos convictions. Continuons en ce sens ensemble.

De la perspective

Je ne peux passer sous silence le conflit armé qui sévit actuellement en Ukraine et qui dégoute et inquiète la communauté internationale. Notre regard, bien qu’éloigné, nous questionne sur la nature humaine, l’importance des faits, de la solidarité et de la communication comme arme pour résoudre les conflits. Il nous permet aussi de considérer dans une perspective nouvelle nos privilèges et nos propres batailles.

Souhaitons vivement qu’un cessez-le-feu intervienne et que ce soit par la parole et non par les armes que ce conflit trouve un dénouement rapide.

Votre président,

Paul-André Gallant, MBA, M.P.O., orthophoniste

[1] Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation – 15 février 2022 – 15 h 30  - http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/cce-42-2/journal-debats/CCE-220215.html#15h30