Le 25 septembre dernier, le Protecteur du citoyen dévoilait son rapport annuel d’activités. Celui-ci n’est pas passé inaperçu pour l’OOAQ puisqu’il soulignait une problématique dénoncée à maintes reprises par plusieurs parents d’enfants souffrant d’un trouble du langage. On pouvait y lire ceci :
« La plupart des établissements de santé et de services sociaux proposent des services spécialisés aux enfants de 2 à 5 ans qui présentent un trouble du langage. Ces services sont généralement offerts par les centres de réadaptation en déficience physique, qui en diminuent l’intensité ou y mettent fin dès que l’enfant atteint l’âge scolaire. Les établissements font valoir que le réseau de l’éducation prend alors la relève.
Le Protecteur du citoyen tient à rappeler au ministère de la Santé et des Services sociaux que les services offerts par le milieu scolaire, lorsqu’ils sont disponibles, s’inscrivent en soutien de la mission éducative. Ils ne peuvent dès lors remplacer ceux que proposent les établissements du réseau de la santé et des services sociaux, dont la mission est de favoriser la meilleure autonomie d’une personne dans ses activités de la vie quotidienne et en société. »
Avec ce constat, le Protecteur du citoyen fait la démonstration que les barrières à l’accessibilité aux services professionnels sont souvent institutionnelles. Pourtant, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et celui de l’Éducation et de l’enseignement supérieur (MEES) s’entendent pour dire que les besoins des enfants ayant des troubles du langage doivent être le moteur de la réponse à l’intervention. C’est également ce que démontrent les données probantes sur cet enjeu.
Cette situation malheureuse m’est également rapportée par les membres et les gestionnaires du réseau de la santé lors de mes rencontres dans le cadre de la tournée du président qui s’achèvera en décembre prochain. La majorité des CISSS et CIUSSS visités cessent d’offrir leurs services en orthophonie ou en audiologie au moment de l’entrée à l’école ou du moins entre 5 et 7 ans. Ceci m’apparaît être une barrière à l’accès à des services spécialisés en orthophonie qui permet de répondre aux besoins de réadaptation d’un enfant. Les orthophonistes en milieu scolaire devraient pour leur part collaborer au développement du plein potentiel de réussite éducative de ces enfants, et ce bien au-delà du 1er cycle du primaire. Ce sont deux services complémentaires qui doivent coexister, mais qui sont très différents.
L’Ordre, à l’instar du Protecteur du citoyen, invite le MSSS à s’assurer que l’offre et l’intensité des services dans les CISSS et CIUSSS du Québec répondent à la mission qu’ils se sont donnée, et ce, peu importe l’âge de l’enfant. Cependant, pour les orthophonistes et les audiologistes cela signifie d’être en mesure d’évaluer adéquatement les besoins et, par la même occasion, de diversifier les modalités et les niveaux d’intensité permettant à l’enfant d’améliorer ses capacités fonctionnelles. L’Ordre demeure actif à la recherche de solutions et est en communication avec les ministères concernés afin de discuter de cet enjeu et de nombreux autres en lien avec l’accessibilité aux services professionnels.