Le 29 mars dernier, le ministre Christian Dubé dévoilait son très attendu plan de « refondation » du système de santé et des services sociaux. Un plan qualifié d’ambitieux, par un grand nombre d'analystes.

J’ai pu assister à la présentation et aux premières discussions entourant ce grand chantier qui comporte une cinquantaine de mesures à devoir mettre en place. Ce plan met en relief la nécessaire accessibilité à des services de qualité pour la population en misant, notamment, sur la contribution de l’ensemble des professionnelles et des professionnels et l’expertise qu’elles et qu’ils détiennent dans leurs domaines d’expertise.

Bien sûr, les grandes tentatives de réformes nous ont toujours laissées sur notre faim et ont rarement donné les résultats escomptés malgré les nombreuses promesses de changement. Cette fois, je ne peux m’empêcher de constater une véritable volonté de faire les choses différemment. D’ailleurs, certains éléments de ce plan m’apparaissent particulièrement intéressants, car ils s’inscrivent en droite ligne avec nos récentes prises de position :

  • Les services de proximité et l’orientation des jeunes vers la bonne ressource au bon moment, en améliorant l’accès aux services de santé mentale ;
  • La mise en œuvre du deuxième Plan d’action interministériel de la Politique gouvernementale de prévention en santé 2015-2025, visant l’amélioration de l’état de santé et de la qualité de vie de la population, ainsi que la réduction des inégalités sociales ayant un impact sur la santé ;
  • L’amélioration des services à domicile pour les personnes âgées ;
  • Le décloisonnement des champs de pratique pour favoriser un accès plus rapide aux soins pertinents, prodigués par les ressources compétentes ;
  • Un meilleur partage de l’information entre les professionnelles et les professionnels.

De tous ces éléments, le décloisonnement des champs de pratique constitue un des chantiers les plus importants. Non seulement il commandera de procéder à d’importantes modifications législatives et réglementaires, mais aussi de faire preuve d’ouverture aux autres. Il nécessitera que nous collaborions pour améliorer la fluidité des corridors de services et nous assurer que le public reçoive des services de qualité, et ce, au bon moment.

« Nous l’avons déjà démontré, lorsque les audiologistes et les orthophonistes jouent pleinement leur rôle, sur le terrain, c’est toute la population qui en bénéficie.  »

Un mot concernant le partage d’information entre les professionnelles et les professionnels. On peut déjà constater une manifestation concrète de cette volonté d’aller de l’avant avec le projet de loi n° 19 qui vise justement à améliorer le partage de l’information.

S’ajoute le fait qu’un projet de règlement, déposé récemment, viendra corriger une situation déplorable pour laquelle nous avons multiplié les démarches et les représentations depuis des années. Les orthophonistes et audiologistes feront désormais partie de la liste des intervenantes et intervenants qui se verront attribuer des autorisations d’accès à une banque de renseignements de santé d’un domaine clinique ou au système de gestion des ordonnances électroniques de médicaments (mieux connu sous le nom Dossier santé Québec — DSQ). Évidemment, nous allons veiller à l’application concrète de ce règlement pour celles et ceux qui exercent dans un cabinet privé ou dans un établissement du réseau de la santé ou des services sociaux.

Enfin, il ne faut pas oublier qu’une campagne électorale battra son plein cet automne et que, comme à chaque fois, la santé et l’éducation occuperont une place prépondérante dans les débats. Chaque parti politique proposera sa vision, ses solutions. Ce plan en fera inévitablement partie. Peu importe l’issue du prochain scrutin, les choses devront nécessairement changer. Il appartiendra aux professionnelles et aux professionnels de démontrer l’importance de miser sur le décloisonnement des champs de pratique dans l’optique de mettre leur expertise au service de la population.

Nous l’avons déjà démontré, lorsque les audiologistes et les orthophonistes jouent pleinement leur rôle, sur le terrain, c’est toute la population qui en bénéficie. À nous maintenant de saisir l’occasion !

Votre président,

Paul-André Gallant, MBA, M.P.O., orthophoniste