La capacité à maintenir l’équilibre est essentielle pour prévenir les chutes, et repose sur plusieurs facteurs, dont : 

  • Trois grands systèmes sensoriels, qui envoient des informations au cerveau, afin d’ajuster la posture et les mouvements. Si l’un de ces systèmes fonctionne moins bien, le risque de chute augmente.
    • la vision : elle permet de repérer les obstacles et d’adapter les mouvements à l’environnement; 
    • la proprioception : elle informe le cerveau sur la position et les mouvements du corps;
    • le système vestibulaire : il détecte les mouvements de la tête et l’orientation dans l’espace, il se situe dans l’oreille interne.
  • Des facteurs internes à la personne, comme les troubles cognitifs, certaines maladies tel le diabète ou des problèmes de tension artérielle, la prise de plusieurs médicaments ou une faiblesse musculaire, etc. 
  • Des facteurs externes à la personne comme un obstacle, un tapis, des escaliers, de la glace, etc.
« Dès 60 ans, plus d’une personne sur deux qui chute présente un trouble de la fonction vestibulaire !  »

Les conséquences d’une chute peuvent être plus ou moins graves

Sur le plan de la santé physique

  • Une fracture, un traumatisme crânien, des plaies nécessitant des soins hospitaliers, une perte d'autonomie et même un décès peuvent suivre une chute.  
  • Au Québec, les chutes sont responsables de plus 21 000 hospitalisations et de plus de 1000 décès à chaque année.  
  • Au Canada, avec le vieillissement de la population, les taux de mortalité associés aux chutes ont augmenté de 111% entre 2001 et 2019 chez les 65ans et plus. 

Sur le plan de la santé mentale

  • Une chute peut engendrer une crainte de tomber de nouveau. Cette peur mène souvent à une réduction volontaire des déplacements, limitant l'activité physique et entraînant une détérioration progressive des capacités musculaires et d'équilibre.  
  • À plus long terme, en plus d'affaiblir le tonus musculaire, cette réduction de mobilité peut accroitre l’isolement social et diminuer les occasions d’interactions sociales et de stimulation cognitive. 

Les risques de chute chez les personnes de 65 ans et plus 

Les chutes peuvent survenir chez les personnes de tous âges, mais elles sont plus fréquentes et plus graves avec le vieillissement.  

  • Environ un tiers des personnes de plus de 65 ans chutent chaque année. 
  • Au Canada, elles entraînent des coûts directs estimés à 5,6 milliards de dollars par année pour le système de santé.  

Les chutes sont un prédicteur important de la perte d’autonomie en vieillissant. Pourtant, un bon nombre d’entre elles pourraient être évitées grâce à des actions de prévention et d’identification précoce du risque de chutes. L’Institut nationale de santé publique du Québec (INSPQ, 2022) souligne d’ailleurs l’importance d’offrir des services préventifs pour s’attaquer aux risques de chutes chez les personnes de 65 ans et plus, afin : 

  • d’assurer en priorité le maintien de leur autonomie;
  • que ce groupe demeure actif et qu’il conserve une qualité de vie satisfaisante.  

L’oreille et les chutes : un lien méconnu 

On oublie souvent que l’oreille peut être impliquée lorsqu’il est question de chutes. Pourtant, elle joue un rôle essentiel: l’oreille interne contient le système auditif et le système vestibulaire, contribuant tous deux au maintien de l’équilibre.  

L’audition joue un rôle indirect dans le maintien de l’équilibre

Elle aide à se repérer dans l’environnement, en permettant par exemple d’entendre un véhicule approcher ou de localiser des voix dans une pièce. Lorsque l’audition se détériore, le cerveau doit consacrer plus d’efforts pour traiter les sons ou suivre une conversation. Cette surcharge cognitive peut réduire la capacité à gérer d’autres tâches simultanément, notamment pour ajuster sa posture. Le risque de chute serait ainsi augmenté. 

Les personnes malentendantes, peu importe l’âge et le degré de la perte d’audition, sont plus à risques de chutes que celles dont l’audition est normale. 

Le système vestibulaire joue un rôle central pour le maintien de l’équilibre

Il participe à la stabilisation de la vision lors des mouvements de tête et à l’équilibre postural. Il contribue aussi à stabiliser la tête dans l’espace et à percevoir les mouvements. Le vieillissement entraîne une détérioration du système vestibulaire, ce qui complique le maintien de l’équilibre et de la posture, et prolonge le temps requis pour percevoir une chute.  Ce délai peut d’ailleurs être deux fois plus long chez les personnes aînées. 

« Les personnes atteintes d’un trouble vestibulaire sont exposées à un risque 2 à 3 fois plus grand de chutes.   »

Comment l’audiologiste peut aider à prévenir les chutes ?

En raison de la coexistence fréquente entre les troubles auditifs et les atteintes vestibulaires, les personnes qui consultent en audiologie présentent souvent un risque accru de chutes. En effet, les systèmes auditif et vestibulaire ont en commun plusieurs connexions nerveuses et un même réseau sanguin. Sans être la seule ou le seul professionnel concerné, l'audiologiste est régulièrement en contact avec une clientèle plus à risque de chutes, jouant ainsi un rôle dans une approche globale de prévention. En effet, l'audiologiste peut : 

  • Évaluer l’audition afin, notamment, d’identifier des facteurs de risque ou des caractéristiques du profil auditif d’une personne qui pourraient contribuer au risque de chutes; 
  • Évaluer la fonction vestibulaire à l’aide de tests diagnostiques ou d’outils de dépistage;
  • Orienter la personne vers d’autres ressources professionnelles. Dans certains cas où d’autres problèmes de santé sont soupçonnés, l’audiologiste suggère une consultation avec une ou un médecin de famille, oto-rhino-laryngologiste (ORL), neurologue, physiothérapeute ou ergothérapeute, etc.; 
  • Proposer un programme d’exercices de réadaptation vestibulaires en fonction de l’évaluation, des difficultés et des besoins de la personne, afin notamment de diminuer ou d’éliminer les déséquilibres, étourdissements ou vertiges; 
  • Recommander et ajuster des aides auditives ou d’autres solutions technologiques pour rétablir une perception plus optimale de l’environnement sonore. 

Quelques stratégies et conseils pour prévenir les chutes 

Aménager son environnement

Éliminer les obstacles tels que les fils électriques, les tapis mal fixés ou les meubles mal positionnés. Installer des barres d’appui dans les endroits stratégiques comme la salle de bain ou les escaliers, veiller à un éclairage suffisant en particulier dans les zones sombres comme les couloirs. Des détecteurs de mouvement ou des veilleuses peuvent également aider à améliorer la visibilité nocturne. 

Demeurer actif et renforcer ses capacités physiques

Pratiquer régulièrement des exercices d’équilibre et de renforcement musculaire (marche, yoga, tai-chi, etc.). Des programmes d’entrainement encadrés par des kinésiologues ou des professionnelles et professionnels de la physiothérapie sont également disponibles un peu partout à travers la province.  

Surveiller sa santé générale

Identifier et consulter une ou un médecin pour toute condition de santé incertaine ou qui suscite des inquiétudes, faire évaluer sa vision, discuter de sa médication et de ses effets sur le risque de chutes avec le médecin ou le pharmacien, etc.

Porter ses aides auditives lorsqu'elles ont été recommandées

Le port d’appareils auditifs améliore la perception de l’environnement sonore, permet de réduire l'effort d'écoute et peut même améliorer la stabilité posturale et réduire le risque de chutes chez les personnes atteintes d’un trouble vestibulaire. 

Consulter promptement en cas de symptômes de vertiges, d'étourdissements ou de déséquilibres

Afin de déterminer la cause de ces symptômes et d’identifier les bonnes stratégies pour les limiter ou les éliminer. 

Ressources

Où consulter une ou un audiologiste ?

L’audiologiste exerce sa profession dans le secteur public du réseau de la santé et des services sociaux, ainsi que dans le secteur privé.