Définition de la dysphagie 

La dysphagie, ou trouble de la déglutition, est une difficulté ou une incapacité à avaler. La personne éprouve des difficultés à faire passer des liquides (salive, eau ou breuvages) ou des solides (aliments ou médicaments) de la bouche vers l’estomac. 

Les signes et symptômes de la dysphagie

Les difficultés chez une personne dysphagique peuvent survenir à l’une des quatre étapes de la déglutition et varient d’une personne à l’autre. Plusieurs signes et symptômes sont à surveiller.

Signes à surveiller pendant la déglutition

  • Des difficultés à pincer la cuillère, la fourchette, la paille ou le verre avec les lèvres sans que le contenu coule à l’extérieur de la bouche.
  • Un besoin de prendre de très petites bouchées.
  • Des difficultés à mastiquer ou des aliments qui « roulent » dans la bouche.
  • Un rythme de mastication ou de déglutition très ralenti.
  • Un besoin de boire énormément en mangeant pour aider à avaler.
  • Des aliments ou des liquides qui remontent dans le nez.
  • Des aliments ou des liquides qui restent dans la bouche, même après avoir tenté de les avaler.
  • Une sensation que les aliments restent bloqués au niveau de la gorge ou de l’œsophage.
  • Une perception de pression ou de douleur en avalant.
  • Une toux ou un raclement de la gorge avant, pendant ou après avoir avalé.
  • Une voix enrouée ou une gorge pleine de sécrétions après avoir bu ou mangé.
  • Des régurgitations fréquentes.

Signes généraux

  • Un manque d’intérêt à manger ou à prendre un repas.
  • Une crainte ou un refus de manger, de boire ou d’avaler des médicaments.
  • Un manque d’appétit.
  • Une période de repas écourtée ou allongée.

Autres signes à surveiller

  • Une toux en position allongée ou une toux chronique qui ne disparait pas.
  • Des pneumonies à répétition.

Les causes de la dysphagie 

Différentes causes peuvent expliquer la dysphagie. Découvrez les plus fréquentes et quelques exemples. 

Le vieillissement normal peut entrainer des difficultés sur le plan de la déglutition chez environ une personne sur trois. C’est ce qu’on appelle la presbyphagie. Comme pour d’autres fonctions du corps humain, la fonction de déglutition s’affaiblit avec l’âge. La prévalence de dysphagie augmente à une personne sur deux lorsque la personne aînée est en centre d’hébergement. 

La dysphagie peut aussi survenir à tout âge et être causée par :

  • un événement neurologique soudain (ex. : un accident vasculaire cérébral [AVC], un traumatisme cérébro-crânien [TCC] ou une hémorragie cérébrale);
  • une chirurgie (ex. : une chirurgie au niveau du cou, du visage, de la bouche ou de la glande thyroïde);
  • une infection ou un virus (ex. : une méningite, un Guillain-Barré ou une paralysie de Bell);
  • un cancer (ex. : au niveau ORL, digestif, thoracique ou cérébral);
  • une maladie neurodégénérative (ex. : la sclérose en plaques, la sclérose latérale amyotrophique [SLA], la maladie de Parkinson ou la dystrophie musculaire oculopharyngée [DMOP]);
  • un trouble neurologique (ex. : la paralysie cérébrale ou une épilepsie mal contrôlée);
  • un trouble neurocognitif majeur (ex. : la démence ou la maladie d’Alzheimer);
  • une maladie respiratoire qui rend difficile la coordination entre la déglutition et la respiration (ex. : la maladie à coronavirus [COVID-19], une maladie pulmonaire obstructive chronique [MPOC] ou une maladie de l’emphysème);
  • une maladie ou une condition critique qui entraine une intubation prolongée ou une trachéotomie;
  • les effets secondaires de certains médicaments (ex. : des médicamments neuroleptiques) ou traitements (ex. : la radiothérapie ou la chimiothérapie);
  • une grande prématurité ou condition médicale critique chez un bébé qui l’empêche de s’alimenter par lui-même.  
« Saviez-vous qu’environ 40 % des personnes survivantes d’un AVC éprouvent des difficultés à avaler ? »

Les conséquences de la dysphagie

La dysphagie peut entrainer des conséquences importantes dans la vie d’une personne, notamment :  

  • des difficultés ou une peur de manger ou de boire;
  • des difficultés à avaler sa médication;
  • une diminution du plaisir de manger ou de boire;
  • une perte d’autonomie pour s’alimenter;
  • de l’isolement;
  • une perte de poids indésirée;
  • une déshydratation;
  • une baisse d’énergie;
  • une toux chronique;
  • un trouble de la voix;
  • une pneumonie.

Pourquoi consulter en orthophonie pour des difficultés de déglutition ?

Puisque la parole et la déglutition utilisent des muscles, des structures et des voies neuronales similaires, l’orthophoniste est en mesure d’évaluer et d’intervenir pour favoriser une récupération ou une compensation des déficits observés. Grâce à ses connaissances relatives aux mécanismes impliqués dans la parole, la voix, la respiration et la déglutition, l’orthophoniste peut aider à prévenir l’apparition des difficultés à avaler ou à en ralentir la détérioration. Les interventions de l’orthophoniste en dysphagie visent à permettre aux personnes dysphagiques de maintenir le plaisir de manger en sécurité.

L’orthophoniste :

  • tient compte de la personne et de ses capacités résiduelles sur le plan de la déglutition;
  • vise la protection des voies respiratoires;
  • établit des liens avec la parole, la voix, la respiration, le langage et les capacités cognitives.

Ces considérations influencent le pronostic d’amélioration de la déglutition. Elles améliorent aussi les stratégies d’intervention et de rééducation adaptées à la personne dysphagique ou à risque de l’être.

L’évaluation de la dysphagie

Avant le rendez-vous pour une évaluation

Noter les symptômes ressentis ou les signes perçus par la personne qui accompagne permet de bien se préparer à la rencontre d’évaluation. Les questions suivantes pourraient être posées :

  • Quels sont les signes ou inquiétudes qui amènent à consulter ?
  • À quel moment les premiers symptômes sont-ils apparus ?
  • Quelle est leur fréquence ?
  • Ont-ils empiré dans les derniers temps ?
  • Y a-t-il des situations qui provoquent l’apparition ou l’aggravation de ces symptômes (ex. : lors d’une plus grande fatigue, lorsqu’il y a des distractions comme la télévision ou lors d'une discussion en mangeant) ?
  • Quels sont les aliments ou les liquides les plus difficiles à avaler ?

Pendant l’évaluation

En prenant en considération les signes et symptômes rapportés par la personne qui consulte, l’orthophoniste seule ou seul, ou en collaboration avec une ou un médecin ou d’autres professionnelles et professionnels de la santé, répond à un mandat diagnostique afin de déterminer la présence ou non d’une dysphagie. L’évaluation portera sur :

  • le fonctionnement et la coordination des muscles et des structures nécessaires pour respirer, tousser et avaler;
  • la cause des difficultés;
  • le degré de sévérité des atteintes et leurs caractéristiques;
  • les facteurs de risque et de protection associés à la dysphagie et aux complications pulmonaires;
  • le potentiel de rééducation ou de récupération.

Les étapes habituelles d'une évaluation

Voici les étapes habituelles d’une évaluation de la dysphagie.

  1. L’état cognitif et physique de la personne, son état d’éveil et de collaboration, ses capacités langagières et communicatives et ses souhaits face à ses difficultés seront pris en compte.
  2. Les symptômes de dysphagie seront documentés pour comprendre à quels moments et dans quelles circonstances ils surviennent, s’aggravent ou s’améliorent.
  3. Les muscles du visage, de la bouche et du cou seront évalués sur le plan des structures et des mouvements.
  4. Les fonctions respiratoires, laryngées, de la voix et de la parole seront évaluées puisqu’elles sont intimement liées au processus de déglutition.
  5. Lorsque jugée sécuritaire, une observation de la déglutition avec de la nourriture et du liquide sera réalisée. Cette évaluation clinique peut être suffisante pour identifier une dysphagie et déterminer un plan d’intervention.
  6. Dans certains cas, des examens complémentaires pourraient être nécessaires pour observer à l’aide d’images, le processus de déglutition. Deux examens sont possibles :
    • une vidéofluoroscopie (cinédéglutition ou gorgée barytée modifiée [GBM]) qui est un examen radiologique qui permet de visualiser les structures et les mécanismes impliqués lors du passage d’aliments et de liquides de la bouche vers l’œsophage;
    • une fibroendoscopie (FEES) qui permet d’observer le processus de déglutition à l’aide d’une petite caméra insérée par le nez et descendue jusque dans le pharynx.
  7. Tout au long du processus d’évaluation ou à la fin, les résultats et les options d’intervention seront expliqués et discutés avec la personne qui consulte et ses proches.

Les interventions possibles auprès d’une personne dysphagique ou à risque de l’être

Des manœuvres, exercices ou techniques de déglutition pourront déjà être tentés au cours de l’évaluation pour mettre en place rapidement des stratégies aidantes pour la personne qui consulte.

Selon la cause de la dysphagie, la condition et les particularités de la personne qui consulte, l’orthophoniste, en collaboration avec les membres de l’équipe professionnelle, pourra proposer des exercices ou des stratégies compensatoires. Ceux-ci auront pour objectif d’améliorer, de faciliter et de sécuriser la déglutition, en plus de visualiser et d’expliquer les mécanismes impliqués.

Dans certains cas, des médicaments pourront aider la gestion de la salive ou certaines problématiques au niveau de l’œsophage. Une consultation médicale est alors requise.

Des stratégies compensatoires

Dans tous les cas, l’opinion de la personne qui consulte et celles de ses proches seront prises en compte. Il est essentiel que la personne exprime son point de vue, discute et comprenne bien les modifications proposées afin de les intégrer dans son quotidien. L’orthophoniste pourra suggérer des exercices ou des adaptations. L’important est de trouver un équilibre entre les préférences et l’autonomie de la personne, la gestion du risque associée à la dysphagie et le plaisir de manger et de partager un repas.

Voici quelques exemples de stratégies qui pourront être proposées.

Des modifications comportementales

  • Ralentir le rythme.
  • Prendre de plus petites bouchées.

Des modifications environnementales

  • Éliminer les sources de distraction.
  • Utiliser de plus petits ustensiles ou de la vaisselle adaptée.
  • S’assurer de toujours manger en présence d’une autre personne.

Des modifications posturales

  • Baisser ou tourner la tête pour avaler.
  • S’assurer d’une bonne position au fauteuil.

Des techniques pour avaler différemment

  • Avaler fort.
  • Avaler deux fois.

Des modifications de texture et consistance

  • Aliments coupés en petits morceaux, hachés ou en purée.
  • Gestion prudente lorsque du liquide et des solides sont pris en même temps.

Des stratégies pour prendre soin de sa santé buccodentaire

Pour toute personne à risque ou présentant une dysphagie, une bonne santé buccodentaire et une hygiène buccale quotidienne contribuent au confort ainsi qu’à la diminution des risques de complications pulmonaires.

La collaboration interprofessionnelle en dysphagie

Au Québec, en plus des orthophonistes, les nutritionnistes et les ergothérapeutes réalisent également des évaluations auprès de la clientèle dysphagique. Les orthophonistes travaillent en étroite collaboration avec ces professionnelles et professionnels ainsi qu’avec le personnel de la santé et de la réadaptation (ex. : éducatrices, éducateurs, infirmières, infirmiers, infirmières et infirmiers auxiliaires,  inhalothérapeutes, médecins, physiothérapeutes, préposées et préposés aux bénéficiaires, travailleuses sociales et travailleurs sociaux, etc.). Ces différentes collaborations permettent d’obtenir un portrait global de la situation de la personne et d’offrir les meilleurs soins et services, peu importe le milieu où ils sont offerts.

Trouver une ou un orthophoniste

Si vous avez des questions ou des inquiétudes relatives à la dysphagie, n’hésitez pas à en discuter avec votre médecin ou avec une professionnelle ou un professionnel de la santé. Une consultation en orthophonie est également possible au Québec dans les CISSS et CIUSSS ou en cabinets privés.