Montréal, le 3 février 2021 – À la suite de l’invitation du gouvernement du Québec, l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) a déposé aujourd’hui UN MÉMOIRE comprenant quatre recommandations pour le prochain plan d’action interministériel en santé mentale. L’OOAQ demande que l’importance de la communication humaine soit reconnue dans les services en santé mentale offerts à la population tout en évitant de lier tous les enjeux aux effets de la pandémie. Cette démarche fait suite aux consultations publiques au sujet de l’impact de la pandémie sur la santé mentale des Québécois.

« La pandémie est une opportunité sans précédent de repenser les services dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines, d’innover et de reconnaître que la communication et les interactions sociales sont au centre des soins et services, et ce, peu importe l’âge », affirme Paul-André Gallant, président de l’OOAQ.

La communication humaine : essentielle en santé mentale

D’emblée, l’OOAQ déplore que l’on parle si peu des troubles de la communication et de l’audition lorsqu’il est question de santé mentale. D’autant plus que les liens entre la communication et la maladie mentale sont indissociables et de plus en plus documentés.

« S’ils ne sont pas détectés, les problèmes de communication et d’audition deviennent une barrière à un traitement optimal et à la prestation de services appropriés et adaptés à la condition de l’enfant, l’adolescent, l’adulte ou l’aîné », explique M. Gallant.

Des difficultés de communication sont également des critères diagnostiques de plusieurs troubles de santé mentale par exemple le déficit de l’attention, le trouble du spectre de l’autisme, la schizophrénie, la démence, l’anxiété ou encore le mutisme sélectif. Sans compter que les troubles de santé mentale peuvent aussi avoir un impact sur la capacité d’une personne à communiquer avec les autres.

Des problématiques exacerbées par la pandémie

La pandémie a obligé les autorités sanitaires à imposer plusieurs mesures dans le but d’éviter la transmission du virus. Ces mesures sont toutefois des obstacles majeurs à la communication. Pensons au port du masque qui altère la communication de tous, et affecte davantage les personnes vivant par exemple, avec une perte d’audition, un trouble du langage, de l’aphasie ou encore pour des jeunes enfants en plein développement du langage. En effet, cette barrière physique assourdit la voix, affaiblit le son, empêche la lecture sur les lèvres et la compréhension des émotions, nuisant ainsi à une communication efficace.

La distanciation sociale imposée par les mesures sanitaires rend les échanges d’informations encore plus difficiles pour des personnes, comme les aînés, qui dépendent de la proximité de l’interlocuteur pour comprendre et interagir.

Le délestage des services comporte aussi son lot de conséquences. L’OOAQ est préoccupé pour les personnes ayant des troubles acquis de communication, comme une aphasie, ou les jeunes enfants qui attendent pour une évaluation en audiologie ou en orthophonie, et qui ne reçoivent pas actuellement les services requis. L’interruption de la scolarisation et la modification ou l’arrêt des services professionnels en milieu scolaire vont aussi fragiliser certains jeunes et des répercussions sur leur santé mentale sont à prévoir dans les prochaines années.

4 recommandations

Il est encore trop tôt pour prédire toutes les répercussions que la pandémie et les mesures mises sanitaires en place auront sur les enfants, les adolescents, les aînés et toute la population québécoise. Il est toutefois reconnu dans la littérature récente que les répercussions psychologiques seront généralisées et dureront longtemps. 

Devant cela, l’OOAQ émet les recommandations suivantes : 

  1. S’assurer de tenir compte des difficultés et des troubles de communication et d’audition dans le plan d’action interministériel en santé mentale et éviter de tout lier à la pandémie.
  2. Reconnaitre et considérer, dès maintenant et pour la suite des choses, l’importance du lien indissociable qui unit communication (audition et langage) et santé mentale.
  3. Intégrer les orthophonistes et les audiologistescomme professionnels pouvant contribuer au plan d’action interministériel en santé mentale. 
  4. Déterminer les répercussions réelles de la pandémie sur les enfants, les jeunes et toutes les clientèles vulnérables à l’aide études et de recherches scientifiques.

« Seul un travail interdisciplinaire, concerté et intégré pourra permettre une réalisation optimale d’un plan d’action interministériel en santé mentale pour la population québécoise », conclut M. Gallant.

À propos de l’OOAQ

L’OOAQ contribue à l’amélioration de la qualité de vie de la population québécoise en s’impliquant dans différents dossiers publics en lien avec la santé et l’éducation. Comptant plus de 450 audiologistes et 2900 orthophonistes, l’Ordre a pour mission d’assurer la protection du public au regard du domaine d’exercice de ses membres soit l’audition, le système vestibulaire, le langage, la voix, la parole, la communication et leurs troubles. Il est notamment chargé de contrôler l’accès aux professions d’orthophoniste et d’audiologiste, de soutenir le maintien et le développement de la compétence de ses membres et de surveiller leur exercice professionnel.