Montréal, le 23 août 2021 – De passage devant la Commission spéciale sur l’évolution de la Loi concernant les soins de fin de vie, l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) réclame que la communication humaine soit davantage considérée dans tout le continuum des soins de fin de vie. L’Ordre amène ainsi un nouvel angle à la réflexion qui a lieu depuis plusieurs mois.

Que ce soit pour le consentement, la transmission de l’information, la compréhension de celle-ci ou l’expression par la parole, le geste ou les images, la communication est au cœur de l’actualisation des critères de l’aide médicale à mourir (AMM). « Sinon, un flou peut persister et mener à des dérives », explique Paul-André Gallant, président de l’OOAQ.

À l’heure actuelle, la loi québécoise n’évoque pas explicitement la communication. L’OOAQ est d’avis que des modifications doivent être faites à ce niveau.  

L’importance du langage et de l’audition pour un consentement éclairé

Pour les personnes en fin de vie ou atteintes d’une maladie incurable, la communication est un filet de sécurité. Elle permet de transmettre ses besoins, ses souhaits, ce qui inclut la volonté de se prémunir de l’aide médicale à mourir.

« Les personnes ayant une maladie incurable ou dégénérative vont pour la plupart vivre un déclin sur le plan de leurs habiletés communicatives. Il faut reconnaître et anticiper cette perte et tenter par tous les moyens possibles de prolonger la communication de cette personne avec ses proches et l’équipe soignante », déclare Paul-André Gallant.

aide personne agee

Orthophonistes, audiologistes et soins de fin de vie

Les orthophonistes et audiologistes sont d’abord des professionnelles et professionnels de la santé qui travaillent avec des personnes ayant un potentiel de réadaptation sur le plan de l’audition, de la communication. Toutefois, leur expertise permet aussi d’optimiser les capacités communicatives résiduelles d’une personne. Ainsi, les audiologistes comme les orthophonistes peuvent intégrer les équipes de soins palliatifs afin de les sensibiliser aux meilleures pratiques et soins de santé centrés sur la communication.

Communiquer jusqu’à son dernier souffle

En marge de son passage à la Commission spéciale, l’OOAQ a déposé « Communiquer jusqu’à son dernier souffle », un mémoire qui illustre l’importance de la communication humaine dans tout le continuum des soins de fin de vie.

«Il existe un risque de juger l’aptitude d’une personne à consentir par le filtre d’un bris de communication alors qu’il est possible d’y pallier», affirme Paul-André Gallant. 

Il faut intervenir de façon précoce et prévoir, dès l’étape des directives médicales anticipées, des moyens alternatifs de suppléance à la communication qui peuvent être utilisés en fin de vie. Ces stratégies peuvent être technologiques, papier ou gestuelles et être accompagnées d’une approche empathique où la reconnaissance de capacités résiduelles de communication permettent à la personne en fin de vie de s’exprimer.

Recommandations

L’OOAQ émet les recommandations suivantes à la Commission spéciale : 

  1. S’assurer de reconnaître et prendre en compte les difficultés et les troubles de communication et d’audition chez les personnes engagées dans le processus de l’AMM ou en fin de vie afin de leur offrir la possibilité et les conditions favorables pour exprimer leurs volontés.
  2. Reconnaître et considérer que les capacités langagières et auditives sont indissociables de l’aptitude à consentir.
  3. Insérer explicitement dans la Loi la communication comme élément essentiel du processus de reconnaissance du consentement. Ainsi des mesures pourront être mises en place afin que toute personne puisse comprendre les renseignements qui lui sont fournis et ainsi exprimer et faire connaître ses volontés, et ce, tout au long du processus de l’AMM.
  4. Intégrer les expériences et les points de vue des patientes et patients ainsi que de leurs proches dans l’amélioration des politiques et des orientations en soins de fin de vie afin d’avoir une meilleure compréhension du processus de l’aide médicale à mourir.

À propos de l'OOAQ

À propos de l’OOAQ

L’OOAQ contribue à l’amélioration de la qualité de vie de la population québécoise en s’impliquant dans différents dossiers publics en lien avec la santé et l’éducation. Comptant plus de 480 audiologistes et 3000 orthophonistes, l’Ordre a pour mission d’assurer la protection du public au regard du domaine d’exercice de ses membres soit l’audition, le système vestibulaire, le langage, la voix, la parole, la communication et leurs troubles. Il est notamment chargé de contrôler l’accès aux professions d’orthophoniste et d’audiologiste, de soutenir le maintien et le développement de la compétence de ses membres et de surveiller leur exercice professionnel.