Lettre de l'OOAQ au premier ministre du Québec à la suite du discours d'ouverture du 19 octobre 2021

25 octobre 2021

Le 22 octobre 2021, l'OOAQ a transmis la lettre suivante à monsieur François Legault, premier ministre du Québec, dans l'optique de collaborer avec le gouvernement et l'ensemble des parlementaires au déploiement des différentes actions présentées dans le discours d'ouverture du 19 octobre 2021.

Monsieur le premier ministre,

L’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) adhère au plan ambitieux présenté dans le cadre de votre discours d’ouverture le 19 octobre dernier, surtout en ce qui concerne la santé et l’éducation. L’OOAQ souhaite exprimer sa volonté de collaborer avec votre gouvernement et l’ensemble des parlementaires pour le déploiement de celui-ci.

Les derniers mois l’ont prouvé, il est trop souvent difficile pour la population québécoise d’obtenir les services auxquels elle a non seulement droit, mais absolument besoin, et ce, tant dans le réseau de la santé que dans le milieu de l’éducation. Cependant, ces mêmes derniers mois ont aussi démontré, notamment par l’implication exceptionnelle des professionnelles et professionnels dans la vaccination, que le potentiel humain du système public n’a que les limites imposées par le système lui-même.

L’OOAQ voit d’un bon œil votre volonté de décentralisation dans le système de santé, mais est d’avis que celle-ci doit viser l’accessibilité et la fluidité des services directs en misant sur une transformation de l’organisation du travail clinique et sur l’utilisation de la pleine compétence des orthophonistes et des audiologistes plutôt qu’uniquement par une modification des structures administratives. Comme vous l’avez mentionné, les professionnelles et professionnels sont les meilleures personnes pour déterminer les moyens à privilégier afin d’atteindre les différents objectifs. L’actualisation du plein potentiel des orthophonistes et audiologistes sur le terrain dans leur vaste champ d’exercice permettrait sans aucun doute de prévenir des problématiques sur le long terme, voire même de désengorger le système. La solution ne passe pas uniquement par les médecins, les pharmaciennes, les pharmaciens, les infirmières et les infirmiers.

À cet effet, l’Ordre est en faveur de l’élargissement de l’activité diagnostique à d’autres professions que celles actuellement inscrites dans le Code des professions. Cela pourrait permettre, par exemple, aux audiologistes de diagnostiquer des otites, un des problèmes les plus courants en petite enfance, puisqu’elles et ils ont les compétences pour le faire. Aussi, à ce jour, le nombre d’orthophonistes exerçant en CHSLD ou en soins de fin de vie est très limité. Pourtant leur expertise en trouble de la parole et en déglutition permettrait de mieux outiller le personnel soignant de même que les aidants naturels et de maintenir à domicile bon nombre de personnes aînées plus longtemps. Actuellement, les orthophonistes et les audiologistes font partie des équipes multidisciplinaires dans le réseau de la santé, mais il leur est impossible de poser un diagnostic, même si elles et ils ont l’expertise pour le faire.

En ce qui concerne vos priorités en éducation, nous travaillons déjà en collaboration avec le cabinet du ministre Roberge sur des chantiers qui demandent courage et audace. En revanche, cela en vaut la peine, car la réussite des élèves mérite que tous les efforts soient déployés. D’ailleurs, nous vous remercions pour votre mention des orthophonistes et de l’importance de leurs services pour les jeunes en difficulté lors de votre discours. Il est vrai que votre gouvernement a créé de nombreux postes d’orthophonistes dans le milieu scolaire. Malheureusement, encore aujourd’hui, bon nombre d’entre eux n’ont pas été comblés puisque les conditions de travail ne sont pas attrayantes. De nos jours, nous considérons encore les orthophonistes scolaires comme un service complémentaire et non essentiel. En valorisant davantage leur profession, cela permettrait de fidéliser les professionnelles et professionnels et de les garder au sein des écoles. Il ne s’agit que de quelques exemples.

En ce sens, l’OOAQ aimerait entendre un engagement encore plus senti de votre part en ce qui a trait à la santé et à l’éducation. Notre souhait est que le ministère de la Santé et des Services sociaux élargisse l’espace de discussion et de réflexion en incluant les orthophonistes et les audiologistes afin d’améliorer l’accessibilité et la fluidité des services.

L’Ordre a plusieurs avenues et idées à proposer. Nous réitérons donc notre volonté de travailler en collaboration avec votre gouvernement pour permettre à la population québécoise d’accéder à des services de qualité au bon moment. Nous nous rendrons également disponibles pour toute rencontre que vous jugerez nécessaire.

Dans l’intervalle, veuillez recevoir, Monsieur le premier ministre, mes meilleures salutations.

Le président,

Paul-André Gallant, M.B.A., M.P.O., orthophoniste