Le plan PERR de l’OOAQ : une opportunité d’économie alternative et sans préjudice pour les travailleuses et travailleurs

13 avril 2021

Montréal, le 13 avril 2021 — L’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) propose le plan PERR (prévention, évaluation, réadaptation, responsabilisation). Contrairement à ce qui est actuellement présenté dans le projet de loi 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail, ce plan se veut une proposition claire et concrète qui permettrait de diminuer les coûts du programme de surdité professionnelle de la CNESST, et ce, sans brimer les travailleuses et travailleurs ni leur porter préjudice.

Comme le principal objectif du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale semble être de réduire les coûts du programme de surdité professionnelle de la CNESST, l’OOAQ présente plusieurs solutions qui permettraient de faire des économies importantes tout en offrant des services qui répondent davantage aux besoins des travailleuses et des travailleurs.

Économiser et rentabiliser les coûts défrayés

D’abord, l’instauration d’un programme québécois de prévention de la surdité professionnelle (PQPSP) permettrait une réduction considérable des coûts. En effet, pour chaque cas de surdité professionnelle évitée, on estime une économie de plus de 10 500 $.

De plus, l’OOAQ propose d’exiger une référence médicale pour une consultation en audiologie seulement lorsque celle-ci est nécessaire. Actuellement, une prescription médicale avant chaque consultation coûterait entre 58 $ et 86 $ à l’État. Ainsi, l’évaluation par l’audiologiste entraînerait une grande diminution des coûts pour le système public de santé tout en empêchant des prothèses auditives de dormir dans les tiroirs.

En considérant que jusqu’à 40 % des adultes n’utilisent pas leurs appareils auditifs, une étape de validation des appareillages pendant une période d’essai de 90 jours devient essentielle. « On estime qu’en 2017, entre 29,6 M$ et 53 M$ auront été dépensés sans avoir de réels impacts pour les travailleuses et les travailleurs. Ce chiffre s’élèverait entre 34 M$ et 64 M$ en 2027 », affirme Paul-André Gallant, président de l’OOAQ.

Mauvaise compréhension des données scientifiques

L’OOAQ est très inquiet de ce qu’il entend en commission parlementaire où est débattu ces jours-ci le projet de loi 59, notamment puisque certaines informations présentées résultent d’une mauvaise compréhension des récentes études scientifiques et données probantes, ce qui peut s’avérer dangereux pour les travailleuses et les travailleurs.

« Par exemple, en imposant un critère audiométrique, on vient instaurer une limite qui n’existait pas auparavant et on rend acceptable qu’un employeur détruise l’audition des membres de son personnel, pourvu que cela ne dépasse pas un seuil précis. C’est inacceptable », déclare M. Gallant.

Le gouvernement du Québec considère également que la presbyacousie est un phénomène uniquement lié au vieillissement de l’oreille, indépendant de la surdité professionnelle, et ne le considère pas dans son projet de loi. Toutefois, il a été démontré que la perte auditive observée avec l’âge résulte d’un effet cumulatif d’une multitude de facteurs, dont une grande part provient de la surexposition au bruit tout au long de la vie. 

De plus, selon l’Ordre, il est inconcevable qu’en 2021 l’acouphène ne soit pas reconnu comme une atteinte auditive permanente et incapacitante alors qu’il s’agit d’un phénomène largement reconnu par la communauté scientifique. 

L’expertise des audiologistes

En commission parlementaire, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, M. Jean Boulet, a mentionné la formation d’un comité scientifique dont ferait partie des médecins ORL (oto-rhino-laryngologiste). Toutefois, il est primordial que des audiologistes y participent également. Les audiologistes sont des spécialistes de l’audition et du bruit, et possèdent des connaissances notamment en anatomie, physiologie, neurologie, linguistique, psychologie, fonction auditive et vestibulaire ainsi que de leurs troubles.

« La surdité professionnelle étant en grande partie liée au bruit, il nous apparait comme un non-sens que les spécialistes du bruit ne soient pas considérés dans la formation d’un tel comité », ajoute M. Gallant.

L’OOAQ réitère sa détermination à travailler avec les instances gouvernementales dans le but d’améliorer l’accessibilité aux services en santé auditive et réduire les méfaits du bruit dans les milieux de travail afin que le public soit réellement protégé.

À propos de l'OOAQ

L’OOAQ contribue à l’amélioration de la qualité de vie de la population québécoise en s’impliquant dans différents dossiers publics en lien avec la santé et l’éducation. Comptant plus de 3400 professionnels, dont 485 audiologistes, l’Ordre a pour mission d’assurer la protection du public au regard du domaine d’exercice de ses membres soit l’audition, le système vestibulaire, le langage, la voix, la parole, la communication et leurs troubles. Il est notamment chargé de contrôler l’accès aux professions d’orthophoniste et d’audiologiste, de soutenir le maintien et le développement de la compétence de ses membres et de surveiller leur exercice professionnel.