La communication facilitée ou Facilitated Communication en anglais est une technique qui consiste à aider une personne en situation de handicap à pointer vers des lettres, des images ou des objets sur un clavier ou un tableau de communication, généralement avec un soutien physique fourni par un « facilitateur ». Ce soutien physique s’exerce habituellement au niveau de la main, du poignet, du coude ou de l’épaule ou sur d’autres parties du corps.
Depuis plusieurs années, la Communication Facilitée et d’autres méthodes comme la Rapid Prompting Method (RPM) et la Spelling 2 Communicate (S2C) sont utilisées auprès de personnes peu ou non verbales, malgré des preuves scientifiques remettant en cause leur validité. Plusieurs organisations et associations professionnelles internationales, américaines et canadiennes1 ayant à cœur l’intérêt et la défense des droits des personnes à besoins particuliers, ont adopté des prises de position contre l’utilisation de la Communication Facilitée, en invoquant notamment :
L’absence de preuves scientifiques qui démontre que la Communication Facilitée permet un réel accès à la communication ou que les individus atteignent une autonomie communicationnelle grâce à son utilisation. D’ailleurs l’American Academy of Child and Adolescent Psychiatry (AACAP, 2008) remet en question les informations obtenues par la méthode de Communication Facilitée et soutient qu’elles ne doivent pas être utilisées pour confirmer ou infirmer des allégations de maltraitance, ni pour prendre des décisions diagnostiques ou thérapeutiques.
L’influence du facilitateur. Des preuves scientifiques suffisantes démontrent que les messages produits par la Communication Facilitée sont rédigés par le « facilitateur », et non par la personne en situation de handicap (ASHA, 2018, Schlosser, 2014).
Les torts réels ou potentiels causées à la personne aidée. Orthophonie et Audiologie Canada (2018) mentionne qu’il peut être préjudiciable d’utiliser la Communication Facilitée avec une personne en faisant obstacle à son auto-expression réelle. L’ASHA (2018) souligne également qu’utiliser la Communication Facilitée pourrait entrainer des délais d’accès à d’autres interventions reconnues efficaces comme la Communication Alternative et Améliorée (CAA).
Un article récent de Schlosser et Prabhu (2024) dénonce également le biais neurotypique qui sous-tend ces pratiques de Communication Facilitée. En effet, en imposant des normes de communication non adaptées, on nie la diversité des modes d’expression et on risque de prêter aux personnes non-verbales ou autistes, des propos qu’elles n’ont pas formulés.
1. La liste de certaines de ces organisations est disponible via le lien suivant : https://www.facilitatedcommunication.org/organizations-opposing-fc
L’OOAQ se joint à plusieurs organisations et associations professionnelles et recommande que la Communication Facilitée et autres méthodes apparentées comme la Rapid Prompting Method (RPM) et la Spelling 2 Communicate (S2C) ne soient pas utilisées comme méthode d’intervention avec des personnes en situation de handicap.
La communication facilitée est une pratique non reconnue scientifiquement. Elle comporte des risques pouvant avoir un impact majeur sur l’autonomie et la communication d'une personne. L'entourage d'une personne en situation de handicap doit y être sensibilisé.
Plus spécifiquement, les orthophonistes :
Les personnes non-verbales en situation de handicap ont besoin d’être soutenues pour mettre à profit toutes les façons qui leur permettent de s’exprimer que ce soit en modalité verbale, gestuelle, imagée, pictographique ou à l’aide d’outils reconnus en communication alternative et améliorée (CAA). Ces personnes et leurs proches peuvent consulter un ou une orthophoniste pour les aider à faire des choix de communication judicieux et soutenir leur participation aux activités de la vie quotidienne.
L’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) est un organisme régi par le Code des professions, dont la mission est d’assurer la protection du public dans les domaines de la communication, de la fonction auditive et vestibulaire et de la déglutition. Il contribue également à l’amélioration de la qualité de vie de la population québécoise en s’impliquant dans différents dossiers publics en lien avec la santé et l’éducation.
American Academy of Child and Adolescent Psychiatry (1993. Révision 2008). Facilitated Communication. Policy statement. https://www.aacap.org/AACAP/Policy_Statements/2008/Facilitated_Communication.aspx
American Speech-Language-Hearing Association (ASHA). (2018). Facilitated Communication. Position Statement. https://www.asha.org/policy/PS2018-00352/#2a
Orthophonie et audiologie Canada (OAC). (2018, juin). L’utilisation de la communication facilitée et de la méthode de guidage rapide. DÉCLARATION OFFICIELLE D’ORTHOPHONIE ET AUDIOLOGIE CANADA. https://www.sac-oac.ca/wp-content/uploads/2023/01/sac_official_statement_on_facilitated_communication_and_rapid_prompting_method_jan2018_fr.pdf
Schlosser, R. W., Balandin, S., Hemsley, B., Iacono, T., Probst, P., et von Tetzchner, S. (2014). Facilitated Communication and Authorship: A Systematic Review. Augmentative and Alternative Communication, 30(4), 359–368. https://doi.org/10.3109/07434618.2014.971490
Schlosser, R.W. et Prabhu, A. (2024). Interrogating Neurotypical Bias in Facilitated Communication, Rapid Prompting Method, and Spelling 2 Communicate Through a Humanistic Lens. Curr Dev Disord Rep 11, 41–51 https://doi.org/10.1007/s40474-024-00296-w
Site facilitatedcommunication.org. Organizations with Policies Opposing the Use of Facilitated Communication https://www.facilitatedcommunication.org/organizations-opposing-fc